Mille bornes !
Posté : mar. 12 avr. 2005, 13:03
Un dicton africain dit que plus la femme souffre pour mettre son bébé au Monde, plus leurs liens seront forts par la suite… Puisse t-il dire vrai…
C’était pas prévu au programme, j’vous jure, m’sieur l’agent, moi, ce que je voulais c’était une moto !
Mon crédit bécane arrivait à sa fin en mars, et je voulais en profiter pour en prendre un nouveau et changer de monture, prendre un truc plus léger, plus maniable que mon TDM, un VFR, quoi !
Et puis voilà que je tombe dans les annonces du forum sur un gus qui vend une Paris turbo dans les 5 minutes sinon c’est la broyeuse… N’écoutant que mon cœur je lui fais une proposition, qu’il accepte ! Rendez vous est donc fixé le dimanche suivant.
L’euphorie dure en gros 3 jours, le temps pour moi de recevoir le vendredi un mail du personnage m’indiquant que la voiture a finalement été achetée par un Allemand et qu’elle va repartir en Teutonie, d’où elle est d’ailleurs originaire… Y’a des coups de pieds qui s’perdent !
Vous me direz que l’histoire aurait pu en rester là ! Je classais l’affaire et repartais en quête de ma moto favorite ! Ben non, le problème, c’est que durant les 3 jours qu’ont duré ce délire, je me suis bien vu dans un intérieur cuir, avec airbag et abs… Du coup j’ai plongé… Pas ma faute !
Alors je me suis cherché une remplaçante à ma cocotte, tant qu’à faire une voiture qui ferait date, un truc qui sortirait de l’ordinaire…
Je me suis mis tous les sites de P.A.. en favoris, et j’ai tout épluché…
Y’en avait de pas mal, quelques GT, une collec rouge un peu chère, et d’autres dont le prix tenait du délire…
Mais la solution était juste là, sur le forum, une GT noire dont on avait déjà fait sensiblement baisser le prix... L’affaire était presque conclue, c’était presque signé… Seulement voilà, quelques membres bien intentionnés ont crié au loup et j’ai finalement renoncé…
Plus tard, j’enchéris sur une collec noire sur ebay. A une minute de la fin, je perds l’affaire ! Un peu dég, le jipi !
Las, je continue ma recherche en feuilletant les P.A. Je demande des infos sur certaines voitures, certains me répondent, d’autres pas.
Et je trouve la perle ! Une collec verte, pas mal de kilomètres, mais bien entretenue apparemment, en Germanie.
On prend rdv avec le proprio. Je dois le voir le week end. Entre temps, une rouge métal comme je les aime fait son apparition sur les P.A.… tant pis, je suis trop engagé sur la verte !
Rebelotte, le vendredi un mail m’annonce que la verte est vendue ! Décidément…
Mais tant pis, j’attaque sur la rouge. J’envoie un mail. On me répond que la voiture attend son propriétaire qui ne reviendra de vacances que dans une semaine… Et qu’on doit être au moins autant sur le coup que des spermatozoïdes sur un ovule… Pas gagné…
Elle va me passer sous le nez, j’ai l’habitude…
Je reprend les P.A. que je connais maintenant par cœur, presque à pouvoir réciter les prix des quelques dizaines de 480 qui y figurent…
Et je retombe sur la collec rouge du début. Vachement chère, 4740 euros, mais pas tant que ça quand on voit ce qu’on demande pour d’autres…
Je la regarde de nouveau. Elle a la couleur que je veux, une boitoto, y’a juste que le proprio précédent a collé un système de radar de parking qui hérisse les 4 coins du pare chocs de bulbes disgracieux, et qu’il a en plus collé du glastint sur les vitres arrières… Moi qui ne supporte pas les Jackys, de quoi j’aurais l’air là dedans… Et puis je me dis que mis à part ces détails, tout le reste est bon…on peut la prendre comme une fermette à restaurer, après quelques travaux, il n’y paraîtra plus… Ca vaut toujours mieux qu’elle tombe dans les mains d’un Jacky local qui se sera rabattu sur elle faute d’avoir pu trouver une BM dans ses prix… Et puis j’ai le temps de la ‘restaurer’, j’ai bien l’intention de la garder, celle là…
Mais bon, elle est franchement chère… Ceci dit, ça fait déjà un moment qu’elle traîne sur le parking du concessionnaire…
Je me tâte ! Mon sixième sens me dit que le mec commence à trouver le temps long, et aimerait bien s’en débarrasser…
Encore une gorgée de sky, et je me lance : « Would you trade for 4000 ? »
Je lance ma bouteille à la mer, mais sans grand espoir. 20% sur une voiture d’occase, ça va pas le faire. On est mardi soir.
Le lendemain soir, en rentrant du boulot, j’allume mon ordi. Le mec n’a pas répondu. Ben tiens, espère !
Le message n’arrivera que plus tard dans la soirée : « ok for 4000. When do you want to pick up the car? »
Une fois le premier moment d’euphorie passé, je me dis qu’il a l’air bien pressé de conclure l’affaire… Je visionne les photos de l’annonce, et celles que le proprio m’a envoyées, le carnet d’entretien est à jour et la voiture suivie chez Volvo… Allez, je me lance !
Le gros hic c’est qu’elle se trouve à Dresde en Germanie. Un tour sur mappy me donne le renseignement que je cherche. Paris Dresde… 1045 km ! 1000 bornes !
Je vois le truc. Le plus simple serait de prendre l’avion… Allons voir sur internet… Ah ouais, pas donné… entre 700 et 800 euros pour 1 heure de vol… Ben dis donc, y’en a qui ont les moyens.
Je me rabats donc sur la SNCF. Départ 16h 38, arrivée à Francfort à 23h 16 et correspondance à 0h 54 pour une arrivée à 8h 36 le lundi matin, tout ça pour la modique somme de… 320 Euros ! Mais bon, pour ce prix, ma petite femme sera du voyage.
J’ai pas trop intérêt à me planter. Il faut que tout soit nickel du premier coup. J’arrive à l’ouverture chez le concess, j’examine la voiture, je vais à la préfecture locale pour les derniers papiers, je récupère la voiture et si tout se passe bien, je suis à la maison pour le film du lundi soir…
Si ça se passe mal, c’est plutôt casse gueule… si la voiture est une épave, ou si les papiers ne peuvent pas se faire, il faut rentrer en France, sans garantie sur les délais… Pas sûr d’être à la maison pour reprendre le boulot le mardi matin !
Et puis la Germanie, je parle plus trop la langue… La dernière fois que j’y suis allé, c’était avec la boule à z et le moral dans les chaussettes… Pas d’excellents souvenirs…
Un mail du vendeur le samedi soir me rassure un peu. Il m’attend à l’ouverture de la concession, et quelqu’un m’accompagnera pour faire les papiers pour les plaques… Cool !
Petit coup de blues en arrivant dimanche à la gare de l’Est. Comme il y a maintenant presque 20 ans, la gare est toujours envahie de permissionnaires le dimanche soir… Mais bon, on ne va pas les plaindre, eux, ce sont des engagés.
J’ai beaucoup de mal à dormir dans le train. A la fois l’excitation, et l’angoisse que ça ne se passe pas bien.
Et si elle était déjà vendue ?
Et si c’était une poubelle ?
Et si le mec ne voulait plus me la vendre à 4000 ?
Et si l’administration allemande était fermée le lundi ?
Et si je ratais ma correspondance ?
Et si je tombais en panne sur le bord de la route en Allemagne ?
Et si j’avais un accident en la convoyant ?
Et si, et si…
Bref, on arrive le lendemain à 8h 36 à Dresde, et J’ai dû dormir 1 heure sur l’ensemble du trajet.
Dresde, ancienne ville de l’Allemagne de l’est, avec ses logements sociaux mode communiste. Assez particuliers mais finalement avec plus de caractère que nos barres d’immeubles, et d’une propreté sans commune mesure…
Dresde, avec ses Trabant, ses voitures qui s’arrêtent au feu et au passage piéton, et les piétons qui ne s’engagent que lorsque c’est vert pour eux…
Et ses motos qui suivent sagement les files de voitures… C’est pas en France qu’on verrait ça.
On arrive à 9h pétantes à la concession. Elle n’ouvre qu’à 10 heures, mais le parc est ouvert, et l’envie est trop forte. Nous voilà donc gambadant dans les allées à la recherche de la belle.
Vache, c’est pas une concession de pédé… Y’a au moins 500 voitures parquées… Mais pas l’ombre de la queue d’une 480… Et à force de chercher, l’angoisse monte… Aurait-on fait tout ça pour rien ?
Et non ! On finit par la retrouver. Elle est simplement garée à l’autre entrée de la concession… Ouf !
Je m’approche fébrilement. Elle donne l’impression d’avoir été laissée à l’abandon. Les vitres sont presque opaques tellement elles sont crades. Je soulève les essuie glaces. Ils ont coincé toutes les tombées de pollen de l’arbre qui les surplombe. La voiture est donc là au moins depuis l’automne dernier. Les pneus sont à moitié dégonflés. Elle me laisserait sur le cul si elle démarrait du premier coup…
Je gratte la vitre pour voir à l’intérieur. Tout à l’air nickel. A part un détail : Sur la plaque collection, le numéro indiqué n’est pas 257 comme l’indique l’annonce mais 236… Juste un détail, mais je m’étais bien fait au nombre 257… Je trouvais que ça sonnait bien… mais bon, basta, va pour 236 !
Dans le domaine des surprises, je jette un coup d’œil à l’annonce figurant sur la pancarte de vente. 4999 Euros. Elle ne risque pas de partir, à ce prix là ! En plus, un peu margoulin, dans la série des équipements, le type a indiqué l’ESP… Ca ne m’étonne qu’à moitié, remarque, puisque sur l’annonce internet, il indique un ASR, tout aussi inventé. M’enfin…
De près, les capteurs du système d’aide au parking sont encore plus disgracieux. Et la voiture est chaussée en pneus hiver… 14 pouces ! Cerise sur le gâteau, les jantes sont recouvertes d’enjoliveurs de psychopathe !
Ceci dit, un deuxième coup d’œil permet tout de suite de remarquer que sous cette crasse et ces détails se cache une belle jeune fille superbement entretenue.
J’en aurai la confirmation une heure plus tard quand l’employé de la concession me laissera pénétrer à l’intérieur. Bien sûr, elle ne démarrera pas sans les câbles, mais à part ça rien ne manque et tout fonctionne. Tiens, je n’étais même pas au courant que le témoin de warning s’allumait, de même que les graduations du système de ventilation… Les lève vitres ont l’air d’être neufs tellement ils fonctionnent bien. Seule petite ombre au tableau, un petit déchirement sur le côté du siège conducteur. On ne lui donnera que 18/20 pour l’entretien…
Dans le coffre, quelques surprises : Un changeur 10 CD, un subwoofer 80 watts (Je n’aurais jamais installé un truc comme ça, mais s’il y est, tant mieux après tout !) Et last but not least, une trousse de premiers secours et un triangle !
Un petit jeune s’occupe de moi. Apparemment l’équipe a été briefée sur mon arrivée, et je suis super bien accueilli.
Manque de bol, personne ne parle anglais… Ca va pas être simple…
Pas grave, avec sa bonne volonté et sa bonne humeur, on arrive à se comprendre.
Un petit coup d’air dans les pneus, et nous volà partis à la préfecture locale. Il faut faire des plaques de transit et souscrire une assurance pour le rapatriement. (Au passage, merci Mung pour tes conseils…)
Je le suis, il discute avec les fonctionnaires, me dit de signer là, de payer tant, me donne 15 papiers officiels auxquels je ne comprends rien, puis on passe à un autre service, rebelote !
Au passage, Nath veut sortir pour fumer une clope, et pousse la première porte qui donne dehors, celle où il y a écrit « Ausgang verboten ! Tür mit Alarm » ou un truc dans ce genre…
Elle ne déclenche heureusement rien, sinon un éclat de rire…
Les papiers ont faits rapidement. Mais en Allemagne, les agents de la fonction publique inspectent en plus votre voiture avant de délivrer les documents… Ils sont trop forts. J’ai droit à une inspection en règle, avec vérification du numéro de châssis.
A midi, tout est réglé. On redépose le petit jeune à sa concession, et on se quitte… Dommage que je ne parle pas trop l’Allemand, il avait l’air bien sympa…
Avant de partir il m’explique comment reprendre l’autoroute pour la France, il faut prendre l’A4 et après c’est tout droit… Super !
Et nous voilà partis. Premiers tours de roues sur une autoroute allemande. Grand moment ! Pour nous mettre tout de suite dans l’ambiance, sur la file de gauche, une Golf tuning se fait courser par une Ferrari Modena ! Moi je me contente de m’insérer sur l’autoroute, accélérateur à fond, kick down de la boîte… On ne pourra pas dire que ça laisse des souvenirs indélébiles… M’enfin, nous voilà sur le chemin de la maison !
La voiture roule bien, mais passées les limitations de vitesses légales (en France) elle vibre comme un marteau piqueur. A mon avis les pneus ne sont pas équilibrés ou bien usés inégalement… De toute manière, je n’ai pas l’intention de les garder. En tout état de cause, je décide de jouer la prudence. Une vitesse moyenne de 150 – 160 me convient parfaitement.
On roule environ 20 minutes comme ça, et bien que je sois nul en géographie, je m’étonne qu’on roule en direction de Prague. Je décide de vérifier ça sur la première aire qui se présente. J’essaie de rétrograder, c’est pas grave, ça me passera… Et au moment d’immobiliser la voiture, je fais comme d’hab, un grand coup dans la pédale d’embrayage pour ne pas caler à l’arrêt, et nous voilà tous les deux dans le pare-brise… On a beau dire, une boîte auto ça ne s’improvise pas quand même…
Je déballe la carte d’Allemagne que je viens d’acheter, sentant le coup venir… Eh ouais, La direction de Prague ça le fait pas trop… A mon avis, j’ai un peu avalé les explications du petit jeune en allemand… Retour sur nos pas.
Comme on ne connaît rien à la géographie allemande, Nath prend le plan, et au fur et à mesure que je vois les directions apparaître sur les panneaux je lui demande si ça nous rapproche. Si c’est oui, on suit la direction. Pas compliqué.
Je ne sais pas quelle opinion vous avez des autoroutes allemandes, mais pour moi c’est merci mais non merci.
Je l’ai prise sur environ 700 kilomètres, avec un trafic fluide, c’est à dire que tout le monde roulait comme il l’entendait.
Eh ben c’est une merde sans nom : Vous avez la file de droite, occupée par des camions qui roulent à 90 – 100, la file du milieu, occupée par les camions qui doublent les camions qui roulent à 90, et qui eux mêmes ne dépassent pas le 110, et qui déboîtent quand ils en ont envie, sans même un coup d’œil dans les rétros ni clikos. Quand on sait le différentiel de vitesse qu’il peut y avoir sur ces autoroutes d’une file à l’autre…
Et vous avez enfin la file de gauche qui est la chasse gardée des grosses berlines allemandes. Essentiellement BMW, Audi et Mercedes.
Vous les voyez passer par wagons entiers, à croire que l’Audi A6 ou la Mercedes classe E représentent l’équivalent de la Twingo locale…
Ces bolides passent généralement par deux ou trois à la file, pare chocs contre pare chocs, se tirant la bourre à au moins 200 – 210.
Concrètement, avec une pauvre 480 ça se passe comme ça : On roule à 150 – 160 sur la file du milieu (Bah ouais, à cette vitesse, la file de gauche c’est même pas en rêves…), là un camion déboîte, avec un peu de chance suffisamment loin devant pour avoir le temps d’anticiper. On regarde dans le rétro, La route est claire, alors on double le camion. Deuxième coup d’œil dans le rétro 4 secondes plus tard et là on ne voit que la grosse étoile Mercedes de la voiture de derrière qui est arrivée comme une balle et qu’on devine avoir dû freiner comme une malade pour ne pas percuter…
Si on rajoute le fait qu’il existe certaines portions à vitesse libre, limitées à 2 voies, on imagine bien la tête du mec en Mercedes qui arrive non pas derrière une 480 lancée à 160, mais sur un camion à 110, sans possibilité de déboîter…
En revanche, il y a certaines portions, qui elles, sont limitées en vitesse. Il n’est pas rare de retrouver la grosse A6 qui a déventé votre voiture trois minutes plus tôt, sagement calée à 100 ou 120 sur la file du milieu…
D’ailleurs, contrairement à ce que l’on croit, les accidents ne sont pas rares sur ces portions d’autoroute, comme j’ai pu le constater en arrivant à Francfort. J’ai d’ailleurs pu à cette occasion goûter aux avantages de la boitoto dans les bouchons. Tu freines la voiture s’arrête, tu lâches le frein, la voiture repart. Aussi simple que ça…
On passe Francfort, Sarrebrouck, et on arrive finalement en France à 20 h 20… L’autoroute ne change pas, à un détail près, les barrières de péage. J’en ai compté 5 jusqu’à Paris… Un vrai racket. Au moins, ça m’a permis de goûter à un nouvel avantage de la boitoto : On peut accélérer en laissant le doigt sur la commande du lève vitres… Bon, c’est pas miraculeux, mais j’ai trouvé ça bien pratique.
Je commence à en avoir plein les bottes. On fait trois ou quatre arrêts café sur le chemin. J’ai vraiment pas envie de m’endormir au volant d’une voiture dont je n’aurais même pas pu profiter… Ce serait trop bête.
Enfin, à minuit ½, après 15 heures de train et 12 heures de route, Gretchen est sagement rangée dans son box.
Et moi, ben Je tiens plus debout, mais j’ai une banane, je vous raconte pas !
C’était pas prévu au programme, j’vous jure, m’sieur l’agent, moi, ce que je voulais c’était une moto !
Mon crédit bécane arrivait à sa fin en mars, et je voulais en profiter pour en prendre un nouveau et changer de monture, prendre un truc plus léger, plus maniable que mon TDM, un VFR, quoi !
Et puis voilà que je tombe dans les annonces du forum sur un gus qui vend une Paris turbo dans les 5 minutes sinon c’est la broyeuse… N’écoutant que mon cœur je lui fais une proposition, qu’il accepte ! Rendez vous est donc fixé le dimanche suivant.
L’euphorie dure en gros 3 jours, le temps pour moi de recevoir le vendredi un mail du personnage m’indiquant que la voiture a finalement été achetée par un Allemand et qu’elle va repartir en Teutonie, d’où elle est d’ailleurs originaire… Y’a des coups de pieds qui s’perdent !
Vous me direz que l’histoire aurait pu en rester là ! Je classais l’affaire et repartais en quête de ma moto favorite ! Ben non, le problème, c’est que durant les 3 jours qu’ont duré ce délire, je me suis bien vu dans un intérieur cuir, avec airbag et abs… Du coup j’ai plongé… Pas ma faute !
Alors je me suis cherché une remplaçante à ma cocotte, tant qu’à faire une voiture qui ferait date, un truc qui sortirait de l’ordinaire…
Je me suis mis tous les sites de P.A.. en favoris, et j’ai tout épluché…
Y’en avait de pas mal, quelques GT, une collec rouge un peu chère, et d’autres dont le prix tenait du délire…
Mais la solution était juste là, sur le forum, une GT noire dont on avait déjà fait sensiblement baisser le prix... L’affaire était presque conclue, c’était presque signé… Seulement voilà, quelques membres bien intentionnés ont crié au loup et j’ai finalement renoncé…
Plus tard, j’enchéris sur une collec noire sur ebay. A une minute de la fin, je perds l’affaire ! Un peu dég, le jipi !
Las, je continue ma recherche en feuilletant les P.A. Je demande des infos sur certaines voitures, certains me répondent, d’autres pas.
Et je trouve la perle ! Une collec verte, pas mal de kilomètres, mais bien entretenue apparemment, en Germanie.
On prend rdv avec le proprio. Je dois le voir le week end. Entre temps, une rouge métal comme je les aime fait son apparition sur les P.A.… tant pis, je suis trop engagé sur la verte !
Rebelotte, le vendredi un mail m’annonce que la verte est vendue ! Décidément…
Mais tant pis, j’attaque sur la rouge. J’envoie un mail. On me répond que la voiture attend son propriétaire qui ne reviendra de vacances que dans une semaine… Et qu’on doit être au moins autant sur le coup que des spermatozoïdes sur un ovule… Pas gagné…
Elle va me passer sous le nez, j’ai l’habitude…
Je reprend les P.A. que je connais maintenant par cœur, presque à pouvoir réciter les prix des quelques dizaines de 480 qui y figurent…
Et je retombe sur la collec rouge du début. Vachement chère, 4740 euros, mais pas tant que ça quand on voit ce qu’on demande pour d’autres…
Je la regarde de nouveau. Elle a la couleur que je veux, une boitoto, y’a juste que le proprio précédent a collé un système de radar de parking qui hérisse les 4 coins du pare chocs de bulbes disgracieux, et qu’il a en plus collé du glastint sur les vitres arrières… Moi qui ne supporte pas les Jackys, de quoi j’aurais l’air là dedans… Et puis je me dis que mis à part ces détails, tout le reste est bon…on peut la prendre comme une fermette à restaurer, après quelques travaux, il n’y paraîtra plus… Ca vaut toujours mieux qu’elle tombe dans les mains d’un Jacky local qui se sera rabattu sur elle faute d’avoir pu trouver une BM dans ses prix… Et puis j’ai le temps de la ‘restaurer’, j’ai bien l’intention de la garder, celle là…
Mais bon, elle est franchement chère… Ceci dit, ça fait déjà un moment qu’elle traîne sur le parking du concessionnaire…
Je me tâte ! Mon sixième sens me dit que le mec commence à trouver le temps long, et aimerait bien s’en débarrasser…
Encore une gorgée de sky, et je me lance : « Would you trade for 4000 ? »
Je lance ma bouteille à la mer, mais sans grand espoir. 20% sur une voiture d’occase, ça va pas le faire. On est mardi soir.
Le lendemain soir, en rentrant du boulot, j’allume mon ordi. Le mec n’a pas répondu. Ben tiens, espère !
Le message n’arrivera que plus tard dans la soirée : « ok for 4000. When do you want to pick up the car? »
Une fois le premier moment d’euphorie passé, je me dis qu’il a l’air bien pressé de conclure l’affaire… Je visionne les photos de l’annonce, et celles que le proprio m’a envoyées, le carnet d’entretien est à jour et la voiture suivie chez Volvo… Allez, je me lance !
Le gros hic c’est qu’elle se trouve à Dresde en Germanie. Un tour sur mappy me donne le renseignement que je cherche. Paris Dresde… 1045 km ! 1000 bornes !
Je vois le truc. Le plus simple serait de prendre l’avion… Allons voir sur internet… Ah ouais, pas donné… entre 700 et 800 euros pour 1 heure de vol… Ben dis donc, y’en a qui ont les moyens.
Je me rabats donc sur la SNCF. Départ 16h 38, arrivée à Francfort à 23h 16 et correspondance à 0h 54 pour une arrivée à 8h 36 le lundi matin, tout ça pour la modique somme de… 320 Euros ! Mais bon, pour ce prix, ma petite femme sera du voyage.
J’ai pas trop intérêt à me planter. Il faut que tout soit nickel du premier coup. J’arrive à l’ouverture chez le concess, j’examine la voiture, je vais à la préfecture locale pour les derniers papiers, je récupère la voiture et si tout se passe bien, je suis à la maison pour le film du lundi soir…
Si ça se passe mal, c’est plutôt casse gueule… si la voiture est une épave, ou si les papiers ne peuvent pas se faire, il faut rentrer en France, sans garantie sur les délais… Pas sûr d’être à la maison pour reprendre le boulot le mardi matin !
Et puis la Germanie, je parle plus trop la langue… La dernière fois que j’y suis allé, c’était avec la boule à z et le moral dans les chaussettes… Pas d’excellents souvenirs…
Un mail du vendeur le samedi soir me rassure un peu. Il m’attend à l’ouverture de la concession, et quelqu’un m’accompagnera pour faire les papiers pour les plaques… Cool !
Petit coup de blues en arrivant dimanche à la gare de l’Est. Comme il y a maintenant presque 20 ans, la gare est toujours envahie de permissionnaires le dimanche soir… Mais bon, on ne va pas les plaindre, eux, ce sont des engagés.
J’ai beaucoup de mal à dormir dans le train. A la fois l’excitation, et l’angoisse que ça ne se passe pas bien.
Et si elle était déjà vendue ?
Et si c’était une poubelle ?
Et si le mec ne voulait plus me la vendre à 4000 ?
Et si l’administration allemande était fermée le lundi ?
Et si je ratais ma correspondance ?
Et si je tombais en panne sur le bord de la route en Allemagne ?
Et si j’avais un accident en la convoyant ?
Et si, et si…
Bref, on arrive le lendemain à 8h 36 à Dresde, et J’ai dû dormir 1 heure sur l’ensemble du trajet.
Dresde, ancienne ville de l’Allemagne de l’est, avec ses logements sociaux mode communiste. Assez particuliers mais finalement avec plus de caractère que nos barres d’immeubles, et d’une propreté sans commune mesure…
Dresde, avec ses Trabant, ses voitures qui s’arrêtent au feu et au passage piéton, et les piétons qui ne s’engagent que lorsque c’est vert pour eux…
Et ses motos qui suivent sagement les files de voitures… C’est pas en France qu’on verrait ça.
On arrive à 9h pétantes à la concession. Elle n’ouvre qu’à 10 heures, mais le parc est ouvert, et l’envie est trop forte. Nous voilà donc gambadant dans les allées à la recherche de la belle.
Vache, c’est pas une concession de pédé… Y’a au moins 500 voitures parquées… Mais pas l’ombre de la queue d’une 480… Et à force de chercher, l’angoisse monte… Aurait-on fait tout ça pour rien ?
Et non ! On finit par la retrouver. Elle est simplement garée à l’autre entrée de la concession… Ouf !
Je m’approche fébrilement. Elle donne l’impression d’avoir été laissée à l’abandon. Les vitres sont presque opaques tellement elles sont crades. Je soulève les essuie glaces. Ils ont coincé toutes les tombées de pollen de l’arbre qui les surplombe. La voiture est donc là au moins depuis l’automne dernier. Les pneus sont à moitié dégonflés. Elle me laisserait sur le cul si elle démarrait du premier coup…
Je gratte la vitre pour voir à l’intérieur. Tout à l’air nickel. A part un détail : Sur la plaque collection, le numéro indiqué n’est pas 257 comme l’indique l’annonce mais 236… Juste un détail, mais je m’étais bien fait au nombre 257… Je trouvais que ça sonnait bien… mais bon, basta, va pour 236 !
Dans le domaine des surprises, je jette un coup d’œil à l’annonce figurant sur la pancarte de vente. 4999 Euros. Elle ne risque pas de partir, à ce prix là ! En plus, un peu margoulin, dans la série des équipements, le type a indiqué l’ESP… Ca ne m’étonne qu’à moitié, remarque, puisque sur l’annonce internet, il indique un ASR, tout aussi inventé. M’enfin…
De près, les capteurs du système d’aide au parking sont encore plus disgracieux. Et la voiture est chaussée en pneus hiver… 14 pouces ! Cerise sur le gâteau, les jantes sont recouvertes d’enjoliveurs de psychopathe !
Ceci dit, un deuxième coup d’œil permet tout de suite de remarquer que sous cette crasse et ces détails se cache une belle jeune fille superbement entretenue.
J’en aurai la confirmation une heure plus tard quand l’employé de la concession me laissera pénétrer à l’intérieur. Bien sûr, elle ne démarrera pas sans les câbles, mais à part ça rien ne manque et tout fonctionne. Tiens, je n’étais même pas au courant que le témoin de warning s’allumait, de même que les graduations du système de ventilation… Les lève vitres ont l’air d’être neufs tellement ils fonctionnent bien. Seule petite ombre au tableau, un petit déchirement sur le côté du siège conducteur. On ne lui donnera que 18/20 pour l’entretien…
Dans le coffre, quelques surprises : Un changeur 10 CD, un subwoofer 80 watts (Je n’aurais jamais installé un truc comme ça, mais s’il y est, tant mieux après tout !) Et last but not least, une trousse de premiers secours et un triangle !
Un petit jeune s’occupe de moi. Apparemment l’équipe a été briefée sur mon arrivée, et je suis super bien accueilli.
Manque de bol, personne ne parle anglais… Ca va pas être simple…
Pas grave, avec sa bonne volonté et sa bonne humeur, on arrive à se comprendre.
Un petit coup d’air dans les pneus, et nous volà partis à la préfecture locale. Il faut faire des plaques de transit et souscrire une assurance pour le rapatriement. (Au passage, merci Mung pour tes conseils…)
Je le suis, il discute avec les fonctionnaires, me dit de signer là, de payer tant, me donne 15 papiers officiels auxquels je ne comprends rien, puis on passe à un autre service, rebelote !
Au passage, Nath veut sortir pour fumer une clope, et pousse la première porte qui donne dehors, celle où il y a écrit « Ausgang verboten ! Tür mit Alarm » ou un truc dans ce genre…
Elle ne déclenche heureusement rien, sinon un éclat de rire…
Les papiers ont faits rapidement. Mais en Allemagne, les agents de la fonction publique inspectent en plus votre voiture avant de délivrer les documents… Ils sont trop forts. J’ai droit à une inspection en règle, avec vérification du numéro de châssis.
A midi, tout est réglé. On redépose le petit jeune à sa concession, et on se quitte… Dommage que je ne parle pas trop l’Allemand, il avait l’air bien sympa…
Avant de partir il m’explique comment reprendre l’autoroute pour la France, il faut prendre l’A4 et après c’est tout droit… Super !
Et nous voilà partis. Premiers tours de roues sur une autoroute allemande. Grand moment ! Pour nous mettre tout de suite dans l’ambiance, sur la file de gauche, une Golf tuning se fait courser par une Ferrari Modena ! Moi je me contente de m’insérer sur l’autoroute, accélérateur à fond, kick down de la boîte… On ne pourra pas dire que ça laisse des souvenirs indélébiles… M’enfin, nous voilà sur le chemin de la maison !
La voiture roule bien, mais passées les limitations de vitesses légales (en France) elle vibre comme un marteau piqueur. A mon avis les pneus ne sont pas équilibrés ou bien usés inégalement… De toute manière, je n’ai pas l’intention de les garder. En tout état de cause, je décide de jouer la prudence. Une vitesse moyenne de 150 – 160 me convient parfaitement.
On roule environ 20 minutes comme ça, et bien que je sois nul en géographie, je m’étonne qu’on roule en direction de Prague. Je décide de vérifier ça sur la première aire qui se présente. J’essaie de rétrograder, c’est pas grave, ça me passera… Et au moment d’immobiliser la voiture, je fais comme d’hab, un grand coup dans la pédale d’embrayage pour ne pas caler à l’arrêt, et nous voilà tous les deux dans le pare-brise… On a beau dire, une boîte auto ça ne s’improvise pas quand même…
Je déballe la carte d’Allemagne que je viens d’acheter, sentant le coup venir… Eh ouais, La direction de Prague ça le fait pas trop… A mon avis, j’ai un peu avalé les explications du petit jeune en allemand… Retour sur nos pas.
Comme on ne connaît rien à la géographie allemande, Nath prend le plan, et au fur et à mesure que je vois les directions apparaître sur les panneaux je lui demande si ça nous rapproche. Si c’est oui, on suit la direction. Pas compliqué.
Je ne sais pas quelle opinion vous avez des autoroutes allemandes, mais pour moi c’est merci mais non merci.
Je l’ai prise sur environ 700 kilomètres, avec un trafic fluide, c’est à dire que tout le monde roulait comme il l’entendait.
Eh ben c’est une merde sans nom : Vous avez la file de droite, occupée par des camions qui roulent à 90 – 100, la file du milieu, occupée par les camions qui doublent les camions qui roulent à 90, et qui eux mêmes ne dépassent pas le 110, et qui déboîtent quand ils en ont envie, sans même un coup d’œil dans les rétros ni clikos. Quand on sait le différentiel de vitesse qu’il peut y avoir sur ces autoroutes d’une file à l’autre…
Et vous avez enfin la file de gauche qui est la chasse gardée des grosses berlines allemandes. Essentiellement BMW, Audi et Mercedes.
Vous les voyez passer par wagons entiers, à croire que l’Audi A6 ou la Mercedes classe E représentent l’équivalent de la Twingo locale…
Ces bolides passent généralement par deux ou trois à la file, pare chocs contre pare chocs, se tirant la bourre à au moins 200 – 210.
Concrètement, avec une pauvre 480 ça se passe comme ça : On roule à 150 – 160 sur la file du milieu (Bah ouais, à cette vitesse, la file de gauche c’est même pas en rêves…), là un camion déboîte, avec un peu de chance suffisamment loin devant pour avoir le temps d’anticiper. On regarde dans le rétro, La route est claire, alors on double le camion. Deuxième coup d’œil dans le rétro 4 secondes plus tard et là on ne voit que la grosse étoile Mercedes de la voiture de derrière qui est arrivée comme une balle et qu’on devine avoir dû freiner comme une malade pour ne pas percuter…
Si on rajoute le fait qu’il existe certaines portions à vitesse libre, limitées à 2 voies, on imagine bien la tête du mec en Mercedes qui arrive non pas derrière une 480 lancée à 160, mais sur un camion à 110, sans possibilité de déboîter…
En revanche, il y a certaines portions, qui elles, sont limitées en vitesse. Il n’est pas rare de retrouver la grosse A6 qui a déventé votre voiture trois minutes plus tôt, sagement calée à 100 ou 120 sur la file du milieu…
D’ailleurs, contrairement à ce que l’on croit, les accidents ne sont pas rares sur ces portions d’autoroute, comme j’ai pu le constater en arrivant à Francfort. J’ai d’ailleurs pu à cette occasion goûter aux avantages de la boitoto dans les bouchons. Tu freines la voiture s’arrête, tu lâches le frein, la voiture repart. Aussi simple que ça…
On passe Francfort, Sarrebrouck, et on arrive finalement en France à 20 h 20… L’autoroute ne change pas, à un détail près, les barrières de péage. J’en ai compté 5 jusqu’à Paris… Un vrai racket. Au moins, ça m’a permis de goûter à un nouvel avantage de la boitoto : On peut accélérer en laissant le doigt sur la commande du lève vitres… Bon, c’est pas miraculeux, mais j’ai trouvé ça bien pratique.
Je commence à en avoir plein les bottes. On fait trois ou quatre arrêts café sur le chemin. J’ai vraiment pas envie de m’endormir au volant d’une voiture dont je n’aurais même pas pu profiter… Ce serait trop bête.
Enfin, à minuit ½, après 15 heures de train et 12 heures de route, Gretchen est sagement rangée dans son box.
Et moi, ben Je tiens plus debout, mais j’ai une banane, je vous raconte pas !