Et bien j'en ai une autre pour toi. Toute fraîche, puisqu'elle n'a qu'un an.
Je travaillais dans le Dévoluy, petit massif de montagne sympa des hautes-alpes, dans une station hiver/été. Qui dit station dit superbe petite route, roulante, mais technique. Ce jour-la, j'étais descendu à la ville, ou plutôt au bourg de la vallée, environ 30/35 km, pour donner à boire à ma petite Peugeot qui s’asséchait le réservoir a vitesse grand V, la-haut dans sa montagne. Je fais le plein, et reprends ma route pour rentrer à la maison, enfin, au taf, mais pour un animateur c'est pareil. Au moment de quitter la nationale pour prendre la route de la station, je remarque dans mon rétro une RS4 grise, immatriculée en Allemagne. Avec des VTT sur le porte-vélo à l'arrière, mais une RS4 quand même. Je me faufile entre deux voitures, commence à enquiller un peu la montée, arrive une ligne droite de 4/5 km, je suis à 110. Et je vois une fusée grise revenir dans mes rétros. Je me dis "bon, il faut savoir reconnaître quand l'adversité est supérieure". Et me serre à droite. Mais non. Le touriste se cale 5 métres derrière moi et me suit. Pour voir, j'accélère un peu, 140, 150, il ne bronche pas. 5 m du pare-chocs. Passage un peu plus lent, avec un tunnel étroit, quelques épingles, je passe le plus vite possible, je connais la route par coeur, aucun touriste ne peut me suivre, j'enquille la ligne droite d'après à 180. Pas l'ombre d'un frémissement de moustache du sémillant père de famille qui me suit, coude à la portière.
Et la, j'avoue, il commence à me stresser un peu le buveur de bière qui n'a même pas peur de mes retours de flamme. Puis question de fierté aussi, si les touristes peuvent venir faire les kékés sur nos routes ou va t'on, je vous le demande? En plein désarroi philosophique, je me serre à droite, je ralenti à 60 et le laisse passer. Mais non. 5m derrière, il ralenti, et quand je regarde dans mon rétro, un petit appel de phares. "Vas-y, vas-y roule". Et la j'ai l'impression d'étre une petite souris devant un gros chat. un très gros chat. Je repars donc, l'Audi fidèlement à 5m derrière. Et je me dis qu'il me reste une botte secrète. Pour retourner à mon appartement de fonction, il faut quitter la route en haut d'une bosse par un virage très raide sur la droite. J'accélère 200 m avant le sommet, prends le virage sans le clignotant au frein à main (pas de risques, c'est un sens unique), soulève un beau nuage de poussière en roulant un peu sur le bas coté, jette un coup d'oeuil dans le rétro et vois l'Audi, 5m derrière. Bon. Un tantinet marri, je me gare sur la place du village, l'Audi se gare derrière moi. Dedans, y'a 3 gosses, la femme, et le mec, qui sort de sa voiture et vient vers moi d'un pas décidé. Et pesant aussi. Le mec ne peut s’appelle que Karl. Ou Klaas, ou Jürgen. Un allemand, dans toute sa splendeur. 1m95, 150 kg, facile. Queue de cheval, barbe, on aurait aucun mal à l'imaginer sur une Harley, ou bassiste dans un groupe de Death métal. Et la je commence à envisager la fuite. Mais le type me tends la main et me dis "Arrrh! Très heureux Rencontrer vous!" et continue en me broyant la main que j'ai eu le malheur de lui donner: "France Conducteurs étre... comment vous dire? Homme von nein testicules? Taffioles, yaaa! Vous pas tafiole, vous grosseuh testicules, ya! Chai presque eu mal à vous suivre, chai voiture pour faire route, seulement 380 petits chevals! Combien cheval a fotre petite voiture? haaa, 180 seulement, ya? Wunderbart! Incroyable! Che l'ai toujours dit, sur française voitures, tous chevals courrent dans le même sens! Che m'excuse avoir dérager vous! Bonne chournée." Et le mec remonte dans la caisse avec vélos, femme et gosses et se barre.
La solution qu'un gouvernement apporte a un problème est souvent pire que le problème.