Hanomag "partner "1951
Comme la plupart des constructeurs européens de l’époque, HANOMAG envisageait, au lendemain des hostilités, de remettre en fabrication sa fameuse voiture aérodynamique présentée en 1938, la « 1,3 litre, Typ Autobahn ». Les chaînes de production et d’assemblage avaient survécu à la guerre, quoique les outillages de carrosserie restaient stockés chez AMBI-BUDD, désormais à Berlin-Est. Mais la direction d’HANOMAG caressait aussi une toute autre idée en visant, pour la nouvelle voiture à construire, un créneau plus « populaire » et donc plus lucratif. La direction de la firme se rappelait du grand succès rencontré avant-guerre par les petites DKW « Meisterklasse » et « Reichsklasse » de respectivement 600 et 700 cm3 qui, à cette époque, avaient fait partie des autos les plus vendues en Allemagne et qui avaient popularisé, à la fois le moteur « 2 temps et la traction-avant. La nouvelle HANOMAG se devait donc de s’inspirer de cette recette et alors la renaissance de la « 1,3 litre Autobahn » ne fut plus d’actualité. Il paraissait évident qu’une petite voiture bien conçue fidéliserait la clientèle à terme, la concurrence GOLIATH, GUTBROD et bien entendu DKW en étant la preuve.
C’est ainsi que les premières études de la future « Partner » furent entamées. Pour la motorisation on fit appel à un spécialiste bien connu de notre microcosme, l’ingénieur MÜLLER-Andernach ayant participé en 1939 à la mise au point de la DKW « F 9 ». MÜLLER-Andernach, établi à son compte après la guerre, avait développé divers moteurs « 2 temps » à 2 et 3 cylindres pour le compte de HEINKEL, TEMPO et SAAB en Suède. Mais c’est finalement sous le capot de la nouvelle HANOMAG que le 3 cylindres MÜLLER-Andernach fera ses débuts, alors
que DKW utilisait encore son vieux bicylindre d’avant-guerre, son moteur 3 cylindres du prototype « F 9 » de 1939 n’étant toujours pas au point. HANOMAG se trouvait ainsi être le premier constructeur, même avant IFA, à utiliser un « 3=6 », pour reprendre la formule chère à AUTO UNION.
Les essais routiers de la « Partner » se déroulèrent au cours du second semestre 1950 et le « déverminage » de l’auto était quasiment achevé au printemps de l’année suivante. On imprima alors catalogues et documents publicitaires, tandis que quelques uns des onze prototypes de présérie furent exposés au Salon de Francfort en Avril 1951. C’est la firme KARMANN qui aurait normalement dû assurer la fabrication des carrosseries jusqu’à ce que HANOMAG ait mis en place sa propre chaîne de fabrication. Mais la réaction du public fut assez mitigée, les acheteurs potentiels rechignant à s’asseoir à trois de front dans une auto .
Les quelques 200 concessionnaires allemands de HANOMAG se joignirent aussi à ce front du refus. Et le prix de vente annoncé de 5850 DM pour une voiture de 700 cm3 seulement était jugé excessif, quoique une DKW « Meisterklasse » à 2 cylindres seulement n’était finalement moins chère que de 20 DM ! Mais pour 300 DM de plus on avait une OPEL « Olympia » de 1500 cm3 ou une VW en finition « Export » coûtant 700 DM de moins, sans parler de la version dépouillée « Standard » affichée à seulement 4400 DM.
Alors qu’à l’été 1951 tout laissait à penser que la fabrication de la « Partner » allait démarrer incessamment, la direction générale de HANOMAG hésitait toujours à donner son feu vert. Quelques problèmes préoccupaient encore le service « qualité », comme l’usure rapide des bougies ou le verrouillage défectueux du capot moteur. Et la guerre de Corée occasionna une inflation sur le prix des tôles minces utilisées par l’industrie automobile. Chez HANOMAG on se demandait de plus en plus si la « Partner » pouvait être une source de profit commercial. Après mûre réflexion, la décision fut finalement prise de ne pas commercialiser cette auto dont la technique globale était pourtant au « top » de l’époque. Et des onze prototypes construits, deux seuls survécurent
Dommage pour elle ... et pour nous !